L'arrivée
November 29th 2022
Découvrir, s'installer
Nous sommes partis le 09/11/2022 de Christchurch. Un Boeing C-17 Globemaster III de l'armée de l'air américaine nous attendait sur le tarmac de l'aéroport. Plus gros et plus rapide que le C-130 initialement prévu, le vol jusqu'à la station McMurdo a duré seulement cinq heures. Encore une fois, ma capacité à m'endormir partout s'est révélée salvatrice...
Mon premier contact avec l'Antarctique fut donc la piste de McMurdo, station américaine. Avec Concordia et Vostok, McMurdo est l'une des bases les plus proches du pôle Sud géographique, le pôle magnétique s'étant lui déplacé au cours des siècles non loin de Dumont-d'Urville. Si je fus d'abord saisi par le froid, mordant, à la descente de l'avion, c'est la lumière qui s'avéra la plus marquante: éblouissante dans cet environnement d'une blancheur irréelle, troué par les énormes véhicules chenillés et leurs panaches de fumées. Autant dire que le port de lunettes de soleil type glacier (cat. 4) n'est pas un luxe.
Restrictions sanitaires obligent, nous n'avons pas pu aller jusqu'à la station et sommes restés en bordure du tarmac, dans un shelter prévu à cet effet. Le froid est si incisif qu'il devient difficile de fumer plus de quelques minutes... Quelques heures donc à prendre des photos, à jouer aux cartes et à se reposer un peu en attendant le prochain vol, un Basler BT67 à destination de la station Mario Zucchelli (MZS), station italienne où nous passerons la nuit, pour embarquer le lendemain matin à bord du même appareil, pour notre destination finale cette fois. Quelques mots sur le Basler BT67: cet appareil est un Douglas DC-3 revisité, avec notamment une carlingue rallongée et des turbopropulseurs à la place des moteurs en étoile. Moi qui rêvais depuis longtemps de pouvoir monter à bord du mythique DC-3, j'ai été servi. Les équipages servant ces appareils sont canadiens, et sont rodés à ce type d'environnement très exigeant pour les machines et les pilotes.
Votre serviteur devant le Basler
À MZS, la blancheur éclatante fit place à un paysage absolument lunaire. Le repas fut succinct (arrivée à 00:00 heure locale) et la nuit courte et ensoleillée mais nécessaire. Le temps d'un briefing et d'une balade sur les hauteurs, et à 11:00 nous embarquions pour DDU. L'appareil s'est posé à D10 Skiway, puis nous avons abandonné une partie de nos compagnons de route sur le point de départ du Raid (à destination de Concordia). Nous avons ensuite rejoint en dameuse la station Prudhomme. De celle-ci, des gars de DDU sont venus nous chercher en Ski-doo pour traverser la banquise, trop fragilisée à ce moment pour espérer passer avec un véhicule lourd.
La traversée de la banquise de Prudhomme à Dumont-d'Urville en motoneige est une expérience inoubliable, et il est difficile d'imaginer plus belle arrivée: le vent glacial cinglant le visage, la glisse dans un paysage blanc, bordé d'un côté par l'océan Austral et de l'autre par le continent blanc, les manchots empereurs, puis la station, au loin, sur son perchoir: l'île des Pétrels.
Des manchots Adélie sautant hors de l'eau
Des manchots empereurs se dirigeant vers leur colonie
Voilà à présent plusieurs semaines que je suis établi sur la station de Dumont-d'Urville. Nous avons pris nos marques, nos fonctions. La vie sur base, rythmée par les manips scientifiques, mon boulot d'administrateur systèmes, le sport et les moments de convivialité, commence lentement à se dessiner. Nous avons dit adieu à beaucoup des PAX de la TA72, qui sont partis sur la rotation R0 de l'Astrolabe. Je profite du mauvais temps pour rédiger cet article, car à la prochaine éclaircie, il me faudra faire un maximum de travail en extérieur.
L'Astrolabe à l'horizon, depuis l'espace entre le 42 et Géophy
Près du Cap des Léopards, station GNSS pour de la marégraphie par réfléctométrie
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